Une année mots pour maux - Avril

Avril. Nu montant un escalier en spiral. Émoi derrière. (Extraits)

 

18 en spirale


Je suis, je n'en peux plus, happé par ça, Cécile, vouée de dos à mes regards. Et j'aime la voir comme autant j'ai toujours espéré contempler ma fièvre sur ce mur de nudité. C'est beau, tandis qu'elle monte, comme un visage de désert où passent à pas sourds des chameaux ralentis par l'ardeur du temps. Une ligne serpentine fuit de sa nuque jusqu'au partage des jambes, médiane, entre deux ailes repliées, cet hémisphère d'elle qui se cache à ses propres yeux et ne se montre aujourd'hui qu'à moi. Tu penses bien que j'ai dû chercher du travail, et je ne savais rien faire, papa m'avait toujours protégée, et Jacques voulait me garder à la maison. Alors, j'ai répondu à des annonces, et puis un jour on m'a invité au restaurant. Je ne devrais pas te dire ça, tu vas me prendre pour une dévergondée. C'est tout son dos qui sourit à la jouissance d'être regardé, sa face cachée qui rebondit à mi-parcours et se fend, son cul comme deux joues pleines, bombées et tendues vers moi pour que mes mains sentent le voluptueux et le dur qui dardent leurs courbes à l'adresse de mes paumes. J'ai refusé, tu parles, mais il insistait au téléphone, en me faisant miroiter le poste qui était proposé. C'était un homme marié, deux enfants je crois, il cherchait une secrétaire, et moi j'étais dans le rouge à la banque, avec mes deux gosses sur les bras, Jacques ne voulait rien donner pour me forcer à revenir .


19 Spirale


Son cul est une grande bouche appelante, tout entière faite pour qu'on y aille voir, marquée en profondeur par son sillon vertical dans le gras du galbe, comme un large baiser de deux lunes. Je regarde avec ma dureté d'homme, tout à coup rafraîchi et frémissant, avec cette obscurité dans le mal qui vous tient au corps, prisonnier du beau labyrinthe ombré de mille secrets inaccessibles, que fait en moi le nœud d'une situation sourde et pleine de grâce. Cécile fendue comme les deux quartiers suspendus d'un même bœuf, se dresse au sommet de mes yeux, dans un silence terrible, et, à distance, gonfle ses voiles en tirant sur ma verge. L'escalier roule et se tord, et sur ces marches où tant de fois elle a dû faire danser son désir pour le bonheur d'un seul homme, elle me guide à présent vers je ne sais quoi qui rend fou le bandé pris dans sa spirale.

 

 

 

 

Extraits : Voyages égarés

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Le Peuple Haï 1 2 34 5 6 7

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