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autour d'un pays abandonné

 

achèvements

Les ombres naissent subrepticement dans les blessures du paysage.

Algues féériques. Mes yeux se noient...

Sur ma peau sèchent des Soleils. Comment écrire

quand la vie vous devient étrangère, comme au soldat mourant sur qui le jour s'achève,

quand le feu mord la plénitude de la forêt ?

 

Le train délire à grand galop dans son lit... Souverain

qui s'enfonce en toute impunité dans les dessous de nos collines.

Comme un chasseur a son plaisir,

ma plume se décharge sur des proies intouchables,

ombres intimes qui se prostituent dans mon feu,

le temps que mes doigts fassent vagir leur chair...

 

fleur tatouée

La fleur reposait dans un cadre avec des tatouages et des blessures.

Son espace était son confort.

Et je m'enfonçais dans la blancheur de son corps et de ses dents.

 

Maintenant la nuit est venue.

Je n'ai plus rien sinon le pire.

J'ai laissé se désespérer la fougue des baisers et la flamme des privations.

 

Lâché à travers le monde comme un gamin mal retenu dont le cœur se charge ou s'allège

je fuis l'amitié des rivaux qui ne s'aimèrent jamais.

 

La réalité m'a offert des prisons.

Le goût brutal du sein s'est glissé jusqu'à mon lit.

Et sur les vierges tatouées ont fleuri

des ornements sanguinaires.

 

la ronde

Je suis entré en réclusion

pour embrasser les murs

des mois, des jours, des semaines,

des heures et des minutes.

Je ne puis saisir par la haine

les secondes,

emprisonné dans leurs combinaisons,

ni me soustraire à leurs nombres.

En moi s'enfoncent leurs corps cuisants venus de l'infini.

 

Je suis immobile dans ma ronde.

J'ignore qu'elle est ma détention.

Tout ce qui tourne autour de moi

m'accompagne

sans finir.

 

Ainsi dure l'éternité

des natures enivrées

par le signe exalté de leur mort.

 

une heure avant minuit

Ecrire avant de m'endormir écrire

en guise de jugement dernier blessure pressentie d'une lumière

clarté franche qui met à nu

tout le mal que je n'ai su aimer

 

Ecrire infini d'un geste attentif

la nuit enrichit les arbres c'est un silence commun à notre intimité

sous ma lampe je suis restitué aux stupeurs

à ma pauvreté aux distances qui m'envahissent

 

Quoi ! ces mots comme des couchants de jours mal traversés

de jours ignobles comme des rues où se brouille la vie

 

Où des cauchemars inutilisables

brûlent dans les profondeurs d'une inquiétude

 

Extraits : Voyages égarés

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Le Peuple Haï 1 2 3 4 5 6 7

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