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toutes mes années passées, pour me retrouver enfant devant une Bête qui me menaçait avec ses pattes avant dressées comme de redoutables pinces. Ce jour-là, je m’en souviens très bien, je jouais avec mes camarades dans la grande cour où nous avions coutume de nous rencontrer. Nous faisions cercle autour de Kiki, lequel avait pour mission de désigner un remplaçant. Ils étaient tellement prisonniers de leur frénétique envie de gagner qu’aucun d’eux ne vit arriver l’intruse. Il faut dire qu’elle n’avait fait aucun bruit et qu’elle avait pris sa posture d’attaque en se soulevant sur ses quatre pattes arrière, qui étaient si fines, si vertes et qu’elle avait si grandes qu’on les aurait confondues avec des tiges de bambou. Visiblement, elle cherchait à saisir l’un d’entre nous pour le dévorer. Quant à moi, j’avais pris le prétexte d’une fatigue pour sortir de la partie et attirer le monstre dans une autre direction. La Bête lança une première fois ses griffes, sans doute dans le but de m’effrayer. Mais mon avantage venait du fait que je n’étais pas pour elle un ennemi ordinaire. Ses coups de pattes déchiraient l’air à la vitesse d’une lame éjectée de son manche. Nous étions face à face, la lutte était acharnée, et, de mon point vue, exaltante. Je tournais autour d’elle avec l’intention de l’affoler et de lui rendre la partie difficile. J’étais partout à la fois, derrière, devant, sur les côtés. Une fois, elle réussit à me griffer l’index. Ce petit succès la rendit plus combative que jamais. Ses yeux globuleux rouges qui sortaient de sa petite tête triangulaire lui offrait un champ visuel à 180°, de sorte que je ne parvenais jamais à me rendre invisible pour lui assener un coup fatal. Mais j’étais arrivé à mes fins en l’éloignant définitivement du groupe. Cet épisode

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