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c’est le serpent monétaire qui sert de guide à l’économie d’un monde mis en coupes réglées. Sa tête crache le feu de tous côtés, sa queue coupée en tranches laisse derrière lui des ronds de métal portant des effigies d’hommes connus dans leur pays d’origine pour leur vertu, leur savoir, leur courage, leur fonction : Aristote, Pasteur, le roi Juan Carlos, Roosevelt, Jean Moulin, Jacques Rueff, Guynemer, Le Caudillo, Napoléon III. On dirait des têtes de noyés qui flottent au fil de l’eau en épousant les remous provoqués par l’horrible animal économique. Mais, examinez bien ces pièces, vous y découvrirez des intrus : un bouton à quatre yeux, une pièce percée en son centre, une rondelle métallique, un joint de robinet, une médaille (cherchez laquelle). Ils jouent à parodier l’argent, présents comme lui à la parade de la grande finance universelle pour l’insulter avec leur vide au ventre et le peu de poids qu’ils représentent. Et puis il y a le roi. Caché dans un trou individuel entre le reptile cuivré et la menue monnaie qui roule derrière, il laisse émerger un bout de couronne et un œil fort inquiet. Je suis sûr qu’il est assis sur ses réserves d’or, si bien assis qu’il parvient à les dissimuler entièrement avec son gros ventre. Il voit venir la monétaille, venir sur lui, grandir, avec la peur de mourir écrasé. Car il aura beau rentrer dans sa coquille, un jour les autres seront là à vouloir le déterrer afin qu’il restitue au peuple ce qui lui appartient. C’est-à-dire le pouvoir, tout le pouvoir,

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