Mon œil fasse éclore le noyau
Puisse le centre habiter en moi
d’unir des mots à la matière
Mes masques auront fini
ou ce vivant en devenir
je serai ou ce mort achevé
vers un silence fait de questions
tout à coup projeté
debout dans le cylindre étroit
Quand j’aurai accompli la terre

 

 

 

tant son amour est agissant
si sereins qu’ils inquiètent
ainsi que la déesse aux yeux
J’ai perdu mon visage son vide est noir
Ursula me fait entrer par son passage
debout au seuil du temps qui naît plus temps
le Dieu Zeus Commandeur de la Foudre
qu’un baigneur rempli d’air et que saisit
Je suis homme fait en fin de conte rien
phacochère et tricératops
oies cochons couvées tous en famille
chevaux poulains moutons et vaches
où vont en paix biches et lions élans et chiens
les cactus et les palmiers nains jaunes
parmi les buissons qui regardent
Je suis singe pilotant une autonef
dans un autre naît un faon
Une poule fait l’œuf dans un bras de poupée
où pépé a pris corps d’araignée spiderman
Schtroumpf pédale haut paradis des animaux
grenouille astronaute quasimodo-cochon
chacun des trois tels qu’en eux-mêmes
derrière aussitôt vous salue
Derrière
Trois masques figés dans leur agonie de voyeurs
qui vient après les trois vieillards
metteur en scène du sens dessus dessous
Le Grand Ciel qui vient après Éole
Pinocchio garde l’entrée du Ciel
Son chien-corbeau sur l’épaule gauche
quand l’autre est en désir de paradis
à leur vie dans l’enfer des bagnoles
Pris en photo d’école mes deux enfants sourient
les voitures carambolent sur ma face
ou dodoche carrossée dans une boîte d’atropine
taxi chargé de fruits et légumes exotiques
pelleteuses ou dépanneuses policières ou coursières
Rouges ou noires jaunes ou blanches
militaire qui roule en avant du Chaos
Le robot armuré bleu fait fi de l’ambulance
près de croco le serveur et de souris la footiste
tandis que le baigneur marine dans sa coupe d’argent
Tarzane tient tout droit dans sa main un gros œuf
Sur eux fonce une voiture de course humanoïde
rit du nouveau-né aux tifs déconcertants
Mère fait mémé au jardin avec Samu Mika elle
Des footistes métissés en disneys jouent les métamophoses
qui met en appétit le scorpion–requin bleu
à la vue de la montre
Pégase en guitare sèche bat des ailes
Manoug a l’air Lénine et fume un gros cigare
l’enfant quitte les frontières de mon portrait
Figure de proue pour un avion d’errance
Crâne sur mon épaule gauche
Pégase vole en moto-lutteur qu’on a décapité
vers l’homme jauni par la fièvre de l’heure
Mikey monkey donnent leur cul à voir en grimpant
C’est l’Amour m’écrit Manoug la Destruction
et mon livre sur lui galope en mille feux cinétiques
Paradjanov colle ses rages sous les dents des fourchettes
Un ciel français baise Anh aux pieds coiffés de coquelicots
L’aveugle Saïgon tombe à genoux sous l’empire du déluge
vers son moi à venir surbranlé par ses monstres
L’enfant salue l’avant pour s’envoyer en l’air
ma langue métisse les choses et les temps
Depuis ce jour mariée au dur devoir de vivre
m’ouvre l’or de sa tunique
Anh eau de mon avenir
au milieu de natifs pacifiques
Je souris coiffé d’un chapeau viet
louvoyant vers une aurore de dévorante fraternité
de petits vers de guerre calamiteux
tandis que grouillent en vert et contre tout
Je mène une vie de jeûne et de frayeur
Je chasse le papillon dans les forêts annamitiques
briseurs de nouveaux-nés
avec ses monstres robotiques
un Deuil qu’on croyait mort
Cependant que l’Histoire sort des abîmes
fait de sa force extase onanistique
là où le Maître des intimités
je rampe je cours je glisse j’adhère avec ma langue
Lézard salamandre escargot ou souris
aux prises avec un peuple nu dans les fers
J’entre en origine dans un nôtre pays
Je pars écrire et me ravir ailleurs
que je fuis loin pour me trouver un air naïf
J’ai tant de mal à voir le jour
Chaque jour me pèse la Catastrophe
Je crois alors qu’on m’a violé l’esprit
fera mille fois baisser le prix des absolus
ricanant bouzilleur d’idéal
Mais le démon à cornes
seront des voies cherchées au tréfonds de mon sang
parfumées au prurit de leur race
les filles qui me mettront au monde
Dès lors et désormais
pour assagir cafards exils confusions
peint avec des bleus énigmatiques
Mais je parle au portrait de la Vierge
Dans la chapelle je parle
J’ai l’air d’un chef de gare en communiant
Collégien rue Troyon à Sèvres
Ma tête me serre elle éclate
Mon entrée dans la chair tragique des interdits
en soutien-gorge rose cochon
Polonaise que j’ai surprise
Femme au faîte de l’escalier m’attend
mais j’épousais les bras de la sirène
Ma mère me jetait à l’école
avec cet air mauvais du rancunier
Photo de classe je porte un pull à bateaux
d’ange qui sanguinole
un œil suit mon portrait
À chaque étage du temps
corps du serpent sur nos épaules
Mon frère me couve avec son bras
Mes jouets saignent
On tire on troue on tue
sous des ciels qui lâchaient leurs coliques
Je vins au monde avec ÇA
coupables d’encombrer leurs propres terres
on massacrait des innocents
À l’ombre des guerres européennes
Année du grand merdier de sang
C’était en l’an 1915
bravent les dieux impuissants
Les démons dégoulinant de charogne
Christs églises enfants et femmes
impunément mutilant à jamais
frappent tous ceux qui naissent
Les possesseurs de haches
un serpent se faufile au milieu des naïfs
Dans une Anatolie panique

 

 

 

Avant d’être chair on est

 

inverse d’une page ordinaire.
et qui se liraient dans le sens
édifiée de bas en haut,
comme une pièce montée
Des images en enfilade,
visuellement verticale.
présentons-la en pied,
Cette histoire d’une vie,


(texte à lire de bas en haut)

Lire ce texte de bas en haut en suivant la sculpture,
chaque verset correspondant de près ou de loin,
à un moment de la pièce montée.
Hauteur : 5, 24 mètres

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