Des emmerdeurs de la mémoire et de leurs emmerdés.

Publié le : 13-11-2004

 

Si, comme il est dit partout, le 17 décembre prochain, le cheval de Troie turc ne devait plus se trouver qu'à une portée de sabot de la Tour Eiffel, tout serait perdu pour les Arméniens, fors l'honneur.

En effet, durant l'année 2004, du fer de lance de leurs activistes aux grosses machineries de leurs organisations, les Arméniens n'ont agi dans la discorde que pour parler d'une seule voix et harceler en continu le cheval au galop d'un État prédateur de peuples et de leurs valeurs.

Ils ont dit et ils ont redit que si les comptes de l'histoire n'étaient pas apurés, la haine entrerait dans l'Europe plutôt que la raison. La paix européenne ne peut faire l'économie d'un contentieux aussi lourd et dangereux qu'un génocide assassiné, sacrifié sur l'autel d'une soi-disant amitié entre les peuples.

Car les hommes tués par des hommes au sang froid réclament eux aussi de dormir en paix dans la conscience des survivants, aujourd'hui ces enfants des victimes, mais demain ceux de leurs bourreaux. On ne peut demander à la mémoire de se taire ni dans les livres ni dans le vivre d'hommes qui portent en eux des récits de crimes et le crime de leurs récits.

Le peuple turc doit accéder à cette conscience-là s'il souhaite intégrer le club de la conscience européenne.

L'obsession génocidaire des Arméniens fait partie intégrante de l'obsession démocratique des Européens. Et si les Arméniens ne sont pas prêts à lâcher prise, c'est qu'ils font ce que leur dictent le poids de leurs morts et l'avenir de leurs persécutions. Ils seront les jours et les nuits intranquilles d'une Europe aveuglée par sa passion pacifique. Car ils savent ce qu'être homme veut dire, surtout quand cet homme est malade d'une Europe qui a toujours fermé les yeux au gré de ses intérêts.

Une Europe où entrerait une Turquie négationniste serait une Europe elle-même négationniste.

Non, en 2004, les Arméniens n'ont pas perdu leur temps. Au terme de cette année, leur voix s'est fait entendre partout et s'infiltre aujourd'hui et de toutes parts au sein d'un peuple aveuglé par son amnésie cosmétique. Car si on peut désinformer un temps, on ne peut désinformer tout le temps.

Un jour la vérité sera rendue aux morts.

 

 

Yevrobatsi

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