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Traduction de l'arménien et copyright
JeanVaroujan Gureghian et Denis Donikian

L'imbécile d'Hovannès Toumanian.


Il était une fois un pauvre homme qui restait toujours aussi pauvre malgré tous ses efforts pour sortir de sa pauvreté.
Un jour de désespoir, il décida de demander son aide à Dieu.
Et voilà qu'en chemin il rencontre le loup.
- Bonjour à toi, mon ami l'homme ! Où vas-tu de ce pas ? lui demanda le loup.
- Je vais auprès de Dieu parler de mes soucis.
- Puisqu'il en est ainsi, dis au Bon Dieu qu'il y a un loup affamé, qui court le jour et court la nuit, qui court par monts et par vaux, pour se trouver de quoi manger. Demande-lui jusques à quand devrai-je encore mourir de faim. Car, si je suis sa créature, Il me doit gîte et nourriture.
- Fort bien, je Lui en rendrai compte, répondit l'homme, et il reprit sa route.
Il marcha tant et si bien qu'il rencontra une jolie fille.
- Où vas-tu de ce pas ? lui demanda-t-elle.
- Auprès de Dieu.
- Puisqu'il en est ainsi, je te prie de Lui dire que tu connais une demoiselle, belle, de bonne santé, et riche de surcroît, mais qui ne trouve à vivre ni bonheur ni joie.
- Foi de moi, je Lui en ferai part, promit le voyageur. Et il continua son chemin.
Et voilà qu'au bord d'une rivière, il croise un arbre sec.
- Où vas-tu de ce pas, voyageur, demanda l'arbre.
- Auprès de Dieu.
- Attends donc ! J'aurais à mon tour une requête à faire. Dis au Bon Dieu que, j'ai beau vivre au bord de l'eau, mes branches jamais ne produisent leurs feuilles. Jusques à quand rester ainsi ?
Le pauvre sut l'écouter et repartit sur les routes.
Il marcha si longtemps que Dieu parut à sa rencontre. Il avait barbe blanche et siégeait sous un mont.
- Bonjour à Toi Seigneur ! le pauvre dit et attendit.
- Bonjour et bienvenue, répondit le Bon Dieu. Dis, que veux-tu de moi ?
- Je voudrais, Mon Seigneur, plus de justice entre les êtres. Certains ont tout, d'autres n'ont rien. Moi qui travaille soir et matin, j'ai ventre vide et toujours faim. D'autres font moins, mais ont vie plus tranquille.
- Ta plainte est juste, dit le Seigneur. Tu auras, toi aussi, ta chance. Sache en tirer profit !
- J'ai d'autres choses dire, Seigneur ! continua le pauvre. Et d'expliquer à Dieu la plainte du loup affamé, le vœu de la jolie fille et le désir de l'arbre sec.
Dieu résolut les problèmes. Le pauvre rendit grâce et retourna chez lui.
Et c'est ainsi qu'il retrouva son arbre sec.
- Dis-moi, fit l'arbre, ce qu'a répondu Dieu.
- Dieu m'a dit que tes pieds recouvraient beaucoup d'or. Qu'il suffirait que quelqu'un le dégage pour que respirent tes racines. Et, dès lors, tu aurais du feuillage.
- Voilà qui est formidable ! Viens vite me retirer cet or ! Le profit serait pour nous deux. À toi richesse et pour moi frondaison !
- Non. Car pour moi le temps presse. Dieu m'a donné ma chance et je veux de ce pas aller à sa rencontre.
Et c'est ainsi qu'il retrouva la jolie fille.
- M'apportes-tu quelque bonne nouvelle ? Lui demanda la demoiselle.
- Dieu m'a dit qu'il te faudrait un compagnon pour la vie. Dès lors, la joie te comblera.
- Marions-nous donc, lui dit la belle. Et tu seras ce compagnon.
- Non. Car vois-tu le temps presse. Dieu m'a donné ma chance et je cours la saisir, lui répondit le pauvre.
Enfin, toujours plus affamé, se dressa devant lui le loup.
- Alors, raconte un peu ce qu'a dit Dieu.
- Sache qu'après toi, j'ai croisé sur ma route une fille fort jolie et un arbre tout sec. Eux aussi m'ont demandé d'intervenir auprès de Dieu. Chacun avait son souci. Aussi riche que belle, la jolie demoiselle vivait dans la mélancolie. Et l'arbre était au désespoir de lui voir pousser des feuilles, au printemps ainsi qu'en été. De tout cela j'ai rendu compte à Dieu. Et Dieu m'a dit que la jolie demoiselle n'aurait d'autre recours que de prendre un époux pour la vie et que l'arbre pour retrouver ses feuilles devait trouver quelqu'un qui libère ses racines de l'or caché autour. À mon retour, j'ai rapporté ces mots à chacun d'eux. L'arbre voulut que je prenne son or, la fille que je la prenne pour compagne. À chacun d'eux, j'ai refusé, trop pressé de me rendre au rendez-vous avec ma chance.
- Et pour moi, fit le loup, Dieu qu'a-t-Il dit ?
- Il a dit que ta faim ne serait apaisée qu'au moment où un imbécile se présenterait à toi.
- Mais comment, dit le loup, trouver plus imbécile que toi ?
Le loup ainsi le dévora.

 

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